Sydney, la toile aux mille feux...

Publié le par Gilou

 

 

DSC09357                                                                     Pic by Fanny P.

 

 

’Bus F 31 pour Sydney’’

 

Seulement une vingtaine de passagers se trouvent dans le bus, ce qui rend l’atmosphère agréable et nous offre le luxe de s’allonger comme bon nous semble. Une très bonne note pour le bus : 5 étoiles et 4 pneus au guide Michelin !   

Les seuls arrêts que s’accorde le chauffeur permettent de se poser avec les autres voyageurs. Assis sur l’herbe fraiche café ou cigarettes à la main, on échange, on rit, on se confie. Il est parfois plus facile de le faire avec des gens que l’on vient tout juste de rencontrer. Sans complexe, sans jugement, on se livre en toute intimité.

 

Jane, une femme d’une quarantaine d’année s’en va rendre visite à ses parents qu’elle n’a pas vus depuis une quinzaine d’années. Khazu, jeune japonais de 24 ans part quant à lui rejoindre sa petite amie et chercher du travail à Sydney. Un couple d’anglais continue simplement son road trip à travers l’Océanie…

Quelques morceaux de vie confiés par nos meilleurs amis, le temps d’une nuit.

Chaque passager emmène son histoire avec lui. Comme un bagage, elle l’accompagne. Chacun ses propres intentions, son passé, ses craintes et ses espoirs. Pourtant, on se retrouve tous dans le même bus. Nos destins se seront croisés le temps d’une nuit. C’est la magie du voyage.

 

Il commence à se faire tard. Les lumières s’éteignent les unes après les autres et les passagers s’endorment peu à peu. Je m’allonge en essayant d’en faire autant.

Tout en admirant les étoiles à travers la vitre, je rêve. Avec de douces musiques en guise de berceuse, je savoure.

Aujourd’hui encore quand je les écoute, je pense à cette nuit passée. La musique possède cette magie, celle d’immortaliser un moment, une atmosphère ou même un sentiment. Il suffit de la réécouter pour replonger dans le souvenir…

 

« No surprise » (Radiohead)

 « Arlington girl » (Shivaree)

« Je suis venu te dire que je m’en vais » (S. Gainsbourg)

 

Se confondant avec le ronronnement du moteur, elles me bercent. Perdu dans mes pensées, les yeux toujours vers le ciel, je m’endors. 

 

 

 

‘’Le guitariste de Bondi Beach’’


Bondi Beach. Plus que ses vagues qui attirent les surfeurs du monde entier, sa forme en croissant de lune est un vrai régal pour les yeux. Elle prend fin de la même manière qu’elle ne commence, deux falaises en constituent les extrémités. Des rochers, comme pour sceller cette forme si originale. Tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est qu’elle ne change jamais oui.


Mmmmh…Le son des vagues semble réveiller le surfeur qui est en moi. Elles m’appellent, je les entends. Allez, voyons voir si elles sont si incroyables que ça !


Aie mais suis-je bête, je n’ai pas de planche de surf. Zut.


Aie mais suis-je encore plus bête, je ne sais pas surfer ‼


Tans pis, comme dit le vieux dicton chinois « Surf pourquoi pas, surf une autre fois »

Bon bah il ne reste plus qu’à trouver une activité plus à notre portée.


Une petite sieste à Bondi Beach plus tard…oups ! La nuit est déjà là. Elle nous a pris par surprise ! Dommage… Non pas que nous avons prévu de faire autre chose, il y a seulement un petit contraste amusant avec ce matin où je nous revois nous préparer dans la hâte ne voulant pas perdre une miette de cette journée. Ca c’est sûr, on l’aura bien savourée ! A notre manière c’est vrai :)


En tout cas, il est temps d’y aller maintenant. A l’instar des autres étoiles, c’est au tour de l’autre lune de briller.


Après avoir baluchonné nos quelques affaires, on se dirige vers l’arrêt de bus le plus proche. Mais notre élan aura été de courte durée : Alors que nous sommes sur le chemin, une douce mélodie nous interpelle. Un homme assis sur un banc, joue de la guitare. Intrigués, on s’assoit parmi les quelques autres spectateurs déjà présents. Il fait penser à un surfeur avec son style décontract short, tongues et teeshirt. Ses longs cheveux s’arrêtant au niveau de ses épaules plutôt carrées renforcent cette impression. Il doit avoir dans la trentaine, surement plus jeune, peut être plus vieux. L’obscurité de la nuit mêlée à ses quelques mèches devant les yeux empêchent d’en deviner  plus.


Quelques accords ont suffit pour nous transporter. Sa façon de jouer est impressionnante de fluidité. Mais plus que le côté technique, sa musique nous touche. Et c’est naturellement que les spectateurs se laissent embarquer. Ils se font de plus en plus nombreux. S’arrêtant simplement par curiosité comme nous avons pu le faire, ils finissement par accepter l’invitation bien volontiers.

Ce public est un vrai mélange : Des couples, des solitaires, des gens qui promenaient leur chien, des joggeurs ou joggeuses, des groupes de jeunes prêts à faire la fête toute la nuit… Des personnes qui passaient dans le coin c’est tout. Mais aussi improvisé soit ce public, une véritable magie s’opère.

Un vent frais et de petites gouttes de pluie commencent à se faire sentir mais le concert se poursuit. Comme  réchauffé par les morceaux interprétés, le public ne désemplit pas. Au contraire, il continue de s’agrandir.

L’artiste nous raconte une histoire à travers ses interprétations. Son répertoire étant très varié, le public passe d’une émotion à une autre. Du bouleversant ‘’Romance’’ en passant par l’électrique ‘’Nothing else matters’’, il réussira même à faire danser quelques couples avec de belles musiques latino.

Il pleut de plus en plus fortement. Il faut croire que le guitariste aime attirer l’attention, y compris celle des nuages. Mais qu’importe la pluie, il commence à jouer ‘’Hotel California’’, ce qui enchante le public à en croire les sourires et les applaudissements. L’interprétation belle et émouvante du guitariste nous rend la musique encore plus familière. Elle est de celle qu’on peut écouter en boucle sans se lasser. Arrive la fin de la musique, celle que l’on connait. Pourtant, le guitariste ne semble pas vouloir arrêter et commence alors à improviser son propre morceau. Partant des notes de la Californie, son improvisation s’en détache totalement après quelques dizaines de secondes. Ses mains et ses doigts bougent à une vitesse déconcertante. Ses cheveux sont secoués dans tous les sens. Ses pieds tapent sur le sol avec violence  Il est comme possédé. On le regarde, on l’écoute, totalement subjugué par tant d’intensité. Mais c’est brusquement que le guitariste va y mettre fin. S’en suivront quelques secondes de silence. Foudroyé, le public lui rendra bien. PLuie de pièces et tonnerre d’applaudissement.

Nous le remercions. Il en fait de même tout en rangeant son instrument. Dommage que la pluie ait fait son apparition. Mais bien qu’on le sentait capable de jouer jusqu’au bout de la nuit, sa fidèle amie, acoustique, n’aurait certainement pas tenu jusqu’à là.

Il nous aura fait vivre un moment incroyable. Nous ne sommes pas prêts de l’oublier, le guitariste de Bondi Beach.

 

 

 

Maintenant, pourvu qu’on attrape le dernier bus.


 

’Like a ferry tale…’’

 

Moyen de transport à part entière, le ferry constitue une des originalités de Sydney. Nous voici aujourd’hui à Circular Quay, véritable plaque tournante des transports de la ville. C’est principalement de là que partent les ferrys le long des côtes.


On décide de s’essayer à un petit jeu, celui de prendre un ferry au hasard peu importe où il nous conduira et de recommencer une fois revenus. On passe alors une journée à explorer les côtes de Sydney. Un très bon souvenir riche en découverte et en paysages époustouflants. Notre dernière escapade se fera à Manly, presqu’île située à une trentaine de minutes en ferry du centre ville. Ce qui fait son originalité est le contraste existant entre ses deux plages du fait de sa position. Même si seulement quelques minutes de marche les séparent l’une de l’autre, elles s’opposent totalement.D’un côté, nous avons Manly Cove où règne une eau étrangement calme ; c’est ici que s’arrête le ferry en provenance de Circular Quay. De l’autre il y a l’immense Manly Beach dominée par des vagues particulièrement agitées faisant le bonheur des surfeurs. Mais malgré ces différences, les vues des deux plages sont superbes, chacune ayant son charme. L’une se tournant vers la baie de Sydney, l’autre vers l’infini de l’océan Pacifique.

On décide de rester à Manly pour la soirée, notre dernière à Sydney. L’endroit nous parait idéal pour profiter de ces derniers instants. A mesure que la nuit arrive, le ciel nous offre ses plus belles couleurs. On mange nos sandwichs préparés le matin même face à cette vue incroyable. Pour le dessert nous investirons nos derniers sous  dans une énorme glace. Et une petite surprise bonus! Des mini pingouins arrivent sur une petite partie de la plage.  Ils sont tout petits et tellement mignons ! Ils me font penser à ceux de St Kilda beach à Melbourne, de mystérieux Happy feet arrivant de nulle part. Décidément, quelle belle soirée…Nous la terminerons posés sur le sable de Manly Cove.


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Nous prenons le dernier ferry, il se fait tard c’est vrai. De ce fait, il n’y a pas grand monde comparé au petit voyage aller de l’après-midi. On se pose alors sur la pointe avant du ferry. Les quelques autres passagers présents préfèrent rester à l’intérieur, certainement à cause de la fraicheur du vent.


Et là, comme si l’on nous avait gardé le meilleur pour la fin, on en prend plein la vue. Sydney devient une autre ville le temps de la nuit. C’est à ce moment que l’Opéra House et le Harbour Bridge semblent libérer tout leur potentiel.  La ville brille de toutes les couleurs et semble se prolonger à travers le scintillant des étoiles. Des dizaines de mouettes volent autour du ferry tel des gardes du corps. Peut être veulent elles nous montrer le chemin. Il y a comme de la magie dans l’air. J’en oublie presque le froid accentué par mon caleçon trempé. Je ne regrette plus d’avoir sauté dans l’eau une dernière fois avant de partir. Enfin bref, c’est incroyable. Je suis vraiment heureux de pouvoir assister à ce spectacle féérique depuis le ferry, avec ma chère et tendre Fanny  Un superbe final.



Le voyage touchant à sa fin, je ne peux m’empêcher de penser à tout ce que j’ai pu vivre ces 6 derniers mois que ce soit à Melbourne, ma ville de cœur, ou durant notre petit séjour à Sydney. Ces belles expériences vécues, ces rencontres incroyables, ce voyage m’aura énormément apporté. Je garde tous ces souvenirs précieusement en moi.

Aujourd’hui, j’ai une grande pensée pour ces nouveaux amis, certains devenus de véritables frères. Vous rencontrer m’a fait grandir, je remercie le ciel qui a fait que nos routes se soient croisées.

 

Ecouteurs dans les oreilles, mode aléatoire, je tombe sur Keren Ann, ‘’ Not going anywhere’’. Une chanson parfaitement appropriée pour prolonger le rêve, ne serait ce que de quelques secondes.


 

Gilbert

Publié dans Carnet de voyage

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G
<br /> Rien ne développe l'intelligence comme les voyages mon ami, c'est du Emile Zola.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> J'aime bien ta manière de narrer le voyage et tes petites analyses du style "il est plus facile de se confier à un inconnu" sont bien senties. Continue vieux frère !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Et bien ... encore une fois je suis totalement sous le charme de ton écriture ! C'est simple, tout sonne juste, rien n'est en trop, il ne manque pas un détail pour se sentir sur place là bas avec<br /> toi..!<br /> Bon déjà le ferry était un fantasme depuis le Dr Mamour mais là j'ai carrément envie d'y être ^^ Ce moment en amoureux devait être top !<br /> Concernant le guitariste, bon il n'arrivait certainement pas à la cheville de Yodelice quand même ... mais il avait l'air de se débrouiller le lascard :p<br /> Playlist du voyage dans le bus au top et MERCI d'avoir su mettre des mots sur ce sentiment tellement spécial à l'écoute de certaines chansons qui replongent dans un instant précis...<br /> Tu m'aurais presque tirer la larme dis donc ... presque ... peut-être au prochain article alors ;-)<br /> <br /> Encore merci et longue vie à ton blog et à ton talent !!!<br /> <br /> PS : je me dis que tu dois quand même avoir un côté skizo quand je lis tes textes et que je repense à ta choré en sumo :D<br /> <br /> <br />
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M
<br /> MDR plagiaire et moqueur Romain!!!!!<br /> <br /> <br />
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R
<br /> de rien fanny c'est encore moi qui a pris la foto...en ce qui concerne l'article jpensais que tu le redigerais en anglais (ou chinois) mais bon comme çà c'est mieux ca me permet de comprendre<br /> blagues et autres suptilité...et merci gil pour ce moment d'évasion car à la lecture de ton périple je me sentais parfois transporter dans ce qui ressemble fort à ton utopie!<br /> je n'est plus qu'un mot a dire: encore!(non j'ai pas copier sur mimy).Pressé de lire ta nouvelle aventure tintin!(les 7boules de gilbert?!)<br /> <br /> <br />
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